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Tumultes

Marcher, le vent libéré dans les feuilles du passé

Étouffant, chemin vidé des rides laissées

Du vide, il ne reste que l'écho d'un chemin de sons incertains

Un retour, les traces effacées, d'un souffle oublié

 

La nuit, les voiles tombent sur les ombres sauvages

Oubliées, les images s'évadent

Dans l'humus meurtri des trottoirs abimés

Les ombres humaines quittent les regards

Cendres, les corps sans passé sur le sol retrouvés

Glissés, immobiles quand le vide aspiré

L'être mémoire, écume du temps, est balayé

Griffé, souillé il ne reste que larmes sèches

Ils avançaient dans le brouillard, les yeux éteints sur leurs mémoires. Les traces ne sont que vide, souvenirs sans miroir.

Je me suis endormi sur un chemin de plumes. Les oiseaux sont partis, la nuit n'a plus de lune. Sur le feuillage tombé, mon corps léger se laisse emporter. Dans cette écume rousse je commence à rêver. Les arbres se sont tus, sous le silence bruyant des pas étouffés. Je me suis souvenu pour ne pas m'oublier.

 

Un chemin qui s'évade au loin m'invite à laisser mes idées en cascade s'engager sans résister et, glisser sur le temps d'un passé imaginé dans les linceuls fragmentés d'où nait l’après.

Je me suis assis sur les bords du monde, j'ai regardé devant, je n'y ai vu que mon passé triste sans futur. J'ai fermé les yeux, le passé s'est effacé. Je me suis remis à marcher, le bout du monde s'est allongé. Maintenant je ne sais plus si mes yeux sont toujours fermés, peu m'importe le bout du monde ne cesse de reculer.

Le vent de marne souffle sur les roches émiettées. La terre s'éveille, rocailleuse, les effluves de brume brune emportent les souvenirs figés.

Pierres, murs, mémoires d'un futur lointain, oubliés au détour des chemins, lassés, s'effacent sous le temps présent.

 

La terre oubliée n'est plus un repère.

 

Pierres de murs, mémoire étrange. Murs de pierres, torrents asséchés, figés. Pierres sans murs, parchemin silencieux. Murs et pierres devenus paroles et murmures.

 

Un pas suit l'autre sur ce chemin qui ne mène vers rien. Un pas suit l'autre ne laisse pas de traces au prochain. Un pas suit l'autre.

 

Marcheurs, passagers sans monture, tes rêves sont morts. Il te reste le vertige.

 

Arrêtes toi. Fais silence. Le bruit des larmes résonne encore. Sur ce chemin, les pas ne restent visibles que dans la mémoire de ceux qui sont morts.

 

Le corps libéré se laisse glisser sur les arêtes colorées.

 

Les feuilles brisées jaillissent vers le sol. Le bois crache des lambeaux d’écorces. L'automne s'est enfuit profitant du brouillard. Le vent parle au silence d'une rumeur oubliée.
 

Ce sont de drôles de paysages soumis aux malices du vent, courbés sous le ciel d'hiver que les larmes de pluie viennent caresser.

 

Qu'est il devenu celui qui n'était rien, celui que nous laissions seul sans même le voir, celui qui nous faisait peur, dont les yeux rieurs et les mots infinis faisaient rougir de honte les adultes, nous poussait à fermer nos portes et nos cœurs. Qu'est il devenu, seul sur les rivages de l'errance, sur les chemin qui le menaient toujours plus loin, route sans retour, qui ne connait que des demains. Qu'est il donc devenu, lui dont nous rêvions silencieux qu'il nous mène sur ses pas fait de mots, de rencontres, de musique et d'envies, qu'il nous libère de nos prisons sans mur  ni barreaux dont nous ne savions fuir. Qu'est il donc devenu, nous a t-il oublié, a t-il compris combien nous l'envions, combien sa liberté nous faisait rêver, combien nous n'étions rien, lorsque lui avait tout.

Des bras tels des branches s'étirent des arbres figés. Étreinte entrelacée tisse une voûte de lumière.

Je me souviens, l'arbre sauvage, feuillage tinté de rouge, plié sous le temps passé, mémoire désirée.

 

L'image s'efface, l'instant présent laisse une trace, fil éphémère masque la lumière.

 

Montagnes dentelées, collines bossues, telles des vagues qui ondulent sans jamais rejoindre le rivage. Cimes dépourvues, nues, qui se souviennent du temps perdu, qui se souviennent, n'en parlons plus.

 

Chut ! le silence s'éveille.

 

Ruisseaux serpentent, dansent dans les remous de l’errance.

 

Silence des murs, bourdonnements endormis d'où s'évadent les ombres dans la nuit.

 

Survivance dans les murs éboulés les marques de notre arrogance. Traces enviées qui rappellent l'ignorance.

 

Vide époque. Sans pensées nourricières, les refuges deviennent éphémères.

Libérée, la parole s'évade.

Parfums dérivent sur les sentiers, enivrent les bois émiettés et s'évadent par delà les cimes effeuillées.

Je marcherai sur les larmes assoiffées de ce chemin sans nom où j'allais errant suivre les rivières sèches qui coulent en silence. Les paroles éteintes se libéreront des étreintes ouvertes et graviront les précipices de l'ennui. Le temps immobile s'éloignera souplement dans la rigueur imaginée.

 

Que deviennent les idées oubliées lorsque la pluie entraine des flots de mémoires fanées.

 

Le temps est un écueil de la pensée, un chemin sans couleurs, une forêt fanée, une trace qui s'étiole et qui s'éparpille dans les sables de l'oublie.

 

C'est un chemin linéaire qui conduit jusqu'aux frontières de l'imaginaire. Il n'est ni large, ni étroit, mais serpente sur les rivages du néant et s'élève jusqu'au sommet du présent.

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